Réseau d’Alcoologie et de Recherche sur les Conduites Addictives en Isère
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jeudi 14 avril 2022
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Brèves
Table Ronde sur la consommation des antalgiques opioïdes
mardi 9 avril
Le 9 avril prochain l’Association des Etudiants en Pharmacie de Grenoble (AEPG) organise dès 18h sur le site des Facultés de Médecine et de Pharmacie (Amphi. Supérieur Nord - Bâtiment Jean Roget) une Table Ronde sur un état des lieux de la consommation des antalgiques opioïdes et plus exactement sur le rôle des professionnels de santé dans la réduction des risques liés aux opioïdes.
 
Rapport annuel de l’OMS sur l’alcool & la santé
mercredi 26 septembre
Le rapport de l’OMS sur l’alcool et la santé a été publié et il est consultable sur le site de l’OMS. L’alcool tue plus que la tuberculose, le SIDA ou le diabète dans le monde. Un quart des consommations d’alcool (25,5%) ne sont pas prises en compte dans les statistiques officielles.
 
Sur le Web : Article sur LinkedIn
Publication : Alcool & Poumon
lundi 17 septembre

Alcool et poumon : des liaisons dangereuses

Alcohol consumption and lung damage : Dangerous relationships

Ph. Arvers a, ⁎, b

a Hôpital de la Croix-Rousse, institut Rhône-Alpes-Auvergne de Tabacologie (IRAAT), 103, Grande rue de la Croix-Rousse, 69004 Lyon, France

b USR 3394 CNRS-UGA, maison des sciences de l’homme-Alpes, Observatoire territorial des conduites à risques de l’adolescent (OCTRA), 1221, avenue Centrale BP 47, 38040 Grenoble cedex 9, France

⁎Auteur correspondant.

 
Congrès FNAS avec VSA2
mercredi 24 mai
Ce Congrès organisé par VSA2 ([Vivre Sans Addiction) pour le compte de la Fédération Nationale des Amis de la Santé (FNAS) est destiné aux adhérents de la FNAS auquel assistera les Présidents de toutes les associations Nationales Reconnues d’Utilité Publique.
 
La bouteille à la mer
dimanche 9 septembre

- Projection du long-métrage sur FR3 Rhône Alpes Auvergne

- Avant-première à St Egrève

- Consulter l’agenda du mois

 
Sur le Web
Observatoire territorial des conduites à risque de l’adolescent
L’Observatoire Territorial des Conduites à Risque de l’Adolescent (OTCRA), créé en 2016, est une structure dédiée à l’observation et à la prévention des conduites à problèmes chez les adolescents (CPA).
Alcool : ces 20 % de consommateurs qui font le bonheur des alcooliers
mardi 19 février 2019
par Philippe Arvers
popularité : 6%

Alcool : ces 20 % de consommateurs qui font le bonheur des alcooliers

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Adam Wilson/Unsplash

Michel Reynaud, Université Paris Sud – Université Paris-Saclay

Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 19 février, Santé publique France fait le point sur la consommation d’alcool et ses conséquences pour la santé dans notre pays. Un chiffre en particulier retient l’attention : 10 % des 18-75 ans boivent à eux seuls 58 % de l’alcool consommé en France.

Cette proportion n’est pas sans rappeler le célèbre principe de Pareto, ou « principe des 80-20 », mis en évidence au XIXe siècle par l’économiste italien Vilfredo Pareto. À travers plusieurs études il avait montré que 20 % de la population italienne détenait 80 % des richesses.

Courbe de Pareto générique. Author provided

Ces travaux ont donné naissance à un principe extrapolable à de nombreux domaines (stratégie, gestion, organisation, management…), en approximant les chiffres : environ 80 % des effets sont le produit de 20 % des causes. L’intérêt du principe de Pareto est avant tout de proposer une méthode générale permettant de distinguer les problèmes stratégiques, vitaux, des problèmes les plus secondaires. De cette façon, il est possible de concentrer les actions sur les objectifs qui auront le plus d’impact.

Ce principe pourrait aider à guider la politique de prévention des dommages liés à l’alcool, comme le confirment les chiffres de l’édition 2017 du Baromètre de Santé publique France. Explications.

La consommation d’alcool en France suit un diagramme de Pareto

Le Baromètre de Santé publique France 2017 est une enquête probabiliste transversale : 25 319 personnes résidant en France métropolitaine, âgées de 18 à 75 ans, ont été interrogés par téléphone, de janvier à juillet 2017. Le taux de participation à cette enquête a été de 48,5 %.

Usages d’alcool en France métropolitaine en 2017, selon le sexe parmi les 18-75 ans. Baromètre de Santé publique France 2017.

Les données recueillies ont notamment révélé que la consommation d’alcool était plus fréquente chez les hommes, et l’écart entre sexes d’autant plus marqué que la fréquence de consommation augmentait. Ainsi, si 29,8 % des hommes consommaient de l’alcool entre une et trois fois par semaine (contre 20,3 % des femmes), ils étaient trois fois plus nombreux que les femmes à consommer de l’alcool quatre à six fois par semaine (7,6 % contre 2,6 %) ou tous les jours (15,2 % contre 5,1 %). De plus, la consommation moyenne un jour type était de 2,8 verres chez les hommes contre 1,8 chez les femmes.

Mais l’un des enseignements les plus intéressants concerne l’hétérogénéité de cette consommation d’alcool : en 2017, près de la moitié de la population (49 %) ne buvait que 3 % du volume total consommé dans l’année, un tiers (35 %) en consommait 91 %, tandis que les 10 % des plus gros buveurs consommaient 58 % du volume total.

Autrement dit, la courbe de la consommation d’alcool en France ressemble fortement au diagramme de Pareto :

Distribution de la quantité d’alcool consommée dans l’année parmi les 18-75 ans en France métropolitaine en 2017. D’après le baromètre de Santé publique France 2017.

Le modèle économique des alcooliers est bâti sur les consommations excessives

Ces chiffres mettent en lumière la structure du marché de l’alcool dans notre pays. Il montrent en effet que les ventes de l’industrie alcoolière se concentrent à 80 % sur les populations ayant des consommations d’alcool excessives susceptibles d’engendrer un problème (soit 20 % des consommateurs), dont 58 % sur des individus ayant un problème avéré (soit 10 % des consommateurs).

En l’absence de données venant directement des producteurs ou de l’État, des éléments de confirmation peuvent être tirés des chiffres de la filière Vin et société : ceux-ci sont cohérents avec les chiffres de Santé publique France, puisqu’ils indiquent que seuls 16 % des Français seraient des consommateurs réguliers.

Les alcooliers prétendent prôner une consommation modérée, mais si 80 % des Français sont au-dessous du seuil problématique de trois verres par jour, il faut savoir que ce sont les 20 % restant (les consommateurs excessifs et les dépendants) qui consomment plus des trois quarts des alcools vendus. Le modèle économique des alcooliers est donc bâti sur les consommations excessives. La France n’est pas la seule dans cette situation : des données collectées au Royaume-Uni en 2013 dans le cadre de l’enquête Health Survey for England avaient également mis en évidence une structure similaire du [marché de l’alcool britannique](https://www.theguardian.com/society/2016/jan/22/problem-drinkers-alcohol-industry-most-sales-figures-reveal](https://digital.nhs.uk/data-and-information/publications/statistical/health-survey-for-england/health-survey-for-england-2013).

Or les consommations excessives sont particulièrement problématiques en termes de santé publique, car effets de l’alcool et consommation n’augmentent pas de façon linéaire. Les problèmes liés à la consommation d’alcool augmentent exponentiellement en fonction des quantités absorbées.

Des dommages qui croissent de façon exponentielle selon les quantités

Il existe un lien entre les quantités d’alcool consommées et les dommages entraînés. Et surtout, on constate dans tous les cas une croissance exponentielle des dommages en fonction desdites quantités.

Par exemple, la mortalité routière liée à l’alcool est multipliée par 2 pour une alcoolémie de 0,50 g, par 10 pour 0,80 g, et par 35 pour 2,50 g ! De même, 70 % des cirrhoses, des pancréatites, des cancers de la sphère ORL sont liés à une consommation d’alcool supérieure à 6 verres par jour (dont 50 % pour les consommations supérieures à 10 verres par jour – pour rappel, un verre standard – vin, whisky, bière, champagne, etc. – contient 10 g d’alcool). Cette croissance exponentielle se vérifie pour tous les dommages (comas éthyliques, violences, etc.).

Mais le plus parlant est de faire le lien entre la mortalité toutes causes confondues et la consommation d’alcool. Les données sont connues de tous les épidémiologistes et reprises par l’OMS. Ainsi, depuis de nombreuses années les travaux de Jurgen Rhem établissent une corrélation exponentielle entre les quantités consommées d’alcool et la mortalité.

Ces résultats ont été confirmés en 2018 par une importante méta-analyse publiée dans The Lancet, la meilleure revue médicale au monde.

Cette étude analyse les consommations d’alcool dans le monde et les conséquences sur la santé et la mortalité de ces consommations : un consortium des meilleurs spécialistes de santé publique, représentant 195 pays, a analysé, sur plus d’un millier d’études et de bases de données, les consommations d’alcool et les conséquences de celles-ci. Ils ont utilisé une méthodologie extrêmement pointilleuse et précise.

Ils confirment de façon incontestable que l’augmentation de la mortalité liée à l’alcool est en corrélation logarithmique avec les quantités consommées.

Leurs résultats devraient mettre fin aux présentations tronquées, partielles et partiales présentant les bienfaits des faibles consommations d’alcool : si la mortalité par maladie coronarienne chez les hommes entre 45 et 60 ans et celle liée au diabète chez les femmes diminuent de 10 % pour une consommation de 1 à 3 verres, cette amélioration est totalement effacée par toutes les autres causes de mortalité liée à la consommation d’alcool (cancer du sein chez la femme, cancer ORL, tuberculose, accidents de la route, blessures, etc.).


À lire aussi : Alcoolisme : quelles sont les régions du cerveau qui récupèrent après une période d’abstinence ?


Quelles conséquences en termes de prévention ?

Si la nocivité de l’alcool, même à faible dose, est établie, il faut néanmoins considérer les niveaux de risque pour proposer une politique respectant les choix individuels. Car certes, l’alcool est mauvais pour la santé, mais il est indiscutablement bon pour le plaisir. Source de plaisirs, de convivialité, d’empathie, vin et alcools font partie intégrante de notre culture. Chacun devrait donc pouvoir choisir en conscience le niveau de risques qu’il accepte de courir, au regard du niveau de plaisir qu’il recherche.

Néanmoins, lorsqu’on est au-delà des consommations modérées, les risques pour soi-même et pour autrui deviennent majeurs. Le risque relatif croit en effet de manière exponentielle en fonction de la consommation journalière. En s’appuyant sur ce constat, il est donc possible de réduire considérablement la morbi-mortalité en se concentrant sur les consommations excessives.

Schématiquement, 80 % des Français boivent dans des limites acceptables, c’est-à-dire moins de trois verres par jour. En revanche, les 20 % restant concentrent 80 % des dommages, mais aussi environ 80 % des ventes et des bénéfices. Il faut donc réduire et dénormaliser ces consommations excessives, en particulier chez les jeunes.

Cinq mesures pour améliorer la prévention. Author provided

On peut donc en déduire les actions qui seraient réellement efficaces :

  • la mise en place d’un prix minimal de l’alcool qui diminuera les consommations des jeunes et les excès ;

  • la taxation et le contrôle de la publicité pour l’alcool et son interdiction en direction des mineurs ;

  • la taxation des premix à base de vin qui incitent les très jeunes à consommer ;

  • la mise en place d’un fonds de 100 millions d’euros par an (géré par la CNAM), pour financer des actions de prévention de la consommation excessive d’alcool, abondé par le produit de la taxation des dépenses de publicité.

  • le soutien des pouvoirs publics à la mise en place d’un « Mois de janvier sobre » (le « dry January » anglo-saxon).

En d’autres termes, il faut « dénormaliser » l’ivresse et les consommations excessives, afin de rappeler que, derrière « le bon vivant », se cache en réalité bien souvent un gros buveur, ou un « alcoolique ».


Cet article est basé sur une publication du site Addict’Aide, qui permet de s’informer sur toutes les questions d’addiction. Le portail Addict’Aide est soutenu par MGEN, groupe VYV.

Michel Reynaud, Professeur émérite de psychiatrie et d’addictologie − Président du Fonds Actions Addictions, Université Paris Sud – Université Paris-Saclay

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

 
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